Reconversion, pause, licenciement : comment en parler en restant crédible face à un recruteur ?
Il y a des moments dans une carrière où l’on décroche, volontairement ou non. Une réorganisation. Un licenciement. Une pause salutaire. Une bifurcation vers autre chose.
Ces périodes, souvent nécessaires, deviennent pourtant des angles morts dans les récits professionnels. Parce qu’elles cristallisent une peur : celle d’être perçu comme instable, indécis ou déclassé. Résultat : beaucoup se justifient, enjolivent ou dissimulent, parlent de « perte de sens » de « non-alignement avec les valeurs » et autres explications alambiquées qui font perdre crédibilité et confiance au recruteur.
Or, c’est précisément votre capacité à parler de ces moments avec recul, lucidité et stabilité qui constitue une force.
Voici une méthode claire pour aborder ces transitions avec crédibilité et cohérence, sans jamais vous placer en position défensive.
Ce que le recruteur cherche vraiment à savoir
Quand un recruteur vous demande : « Que s’est-il passé entre 2022 et 2024 ? », ce n’est pas la période qu’il évalue. C’est votre posture sur ce qui s’est passé.
- Avez-vous tiré des enseignements de cette période ?
- Êtes-vous aujourd’hui aligné, disponible, et au clair sur ce que vous attendez et pouvez offrir ?
- Votre trajectoire est-elle lisible et assumée ?
Une absence d’activité ne vous disqualifie pas. Une absence de récit structuré, en revanche, fragilise votre crédibilité.
Expliquez, ne justifiez pas
Évitez les discours défensifs du type :
- « Ce n’était pas un licenciement individuel… »
- « J’ai dû m’occuper d’un proche, mais j’ai aussi suivi quelques MOOC… »
- « Je suis opérationnel aujourd’hui, je vous rassure… »
Préférez un récit posé, clair, ancré. Ne minimisez pas, ne camouflez pas. Positionnez-vous.
Une méthode en 3 temps pour structurer votre discours
Voici un canevas structurant que j’utilise dans mes accompagnements :
1. Le contexte, formulé avec hauteur
- « J’ai quitté mon poste en 2022, à l’issue d’une phase de transformation dont je ne partageais plus la direction stratégique. »
- « J’ai été concerné par un plan de départ volontaire, quej’ai choisi d’accepter dans une logique de repositionnement. »
2. La logique de la pause ou de la bifurcation
- « J’ai mis à profit cette période pour explorer mes leviers de motivation et découvrir d’autres modèles professionnels. »
- « Cette phase m’a permis de prendre du recul sur 15 années de carrière à rythme intense, et d’opérer un recentrage. »
3. Le point d’atterrissage clair
- « Aujourd’hui, je sais précisément dans quel type d’organisation je souhaite m’investir, et sur quels enjeux. »
- « Cette transition a été structurante : je suis désormais au clair sur mes apports, et la façon dont je souhaite les mobiliser. »
Selon votre parcours, voici quelques exemples de formulations que j’utilise avec mes clients en accompagnement. L’objectif n’est pas de plaquer un discours, mais de trouver les mots justes qui reflètent votre trajectoire avec stabilité et lucidité.
1. Vous avez été licencié dans un contexte tendu
- « J’ai été remercié en 2023 à la suite d’un changement de direction. La nouvelle organisation ne correspondait plus à mon mode de fonctionnement. Cette période a été l’occasion de reposer mes fondamentaux professionnels. »
- « J’ai quitté l’entreprise dans un contexte de restructuration. Le poste que j’occupais a été supprimé, ce qui m’a obligé à redéfinir ma trajectoire. »
2. Vous avez quitté un poste qui ne vous convenait plus
- « Après plusieurs années dans un environnement très opérationnel, j’ai choisi de me retirer pour réfléchir à mon positionnement stratégique. »
- « J’ai quitté mon poste car j’étais arrivé au bout d’un cycle : j’avais besoin de réinterroger le sens de mes missions et l’impact que je souhaitais avoir. »
3. Vous avez fait une pause volontaire (épuisement, usure, burn-out)
- « J’ai pris du recul en 2022 après une séquence très dense professionnellement. C’était un besoin vital de me ressourcer et de retrouver un niveau d’énergie compatible avec mes exigences. »
- « J’ai été confronté à une période d’épuisement que j’ai choisi de traiter de façon proactive. Cette pause m’a permis de me reconstruire et de revoir mes critères de choix professionnels. »
4. Vous avez accompagné un proche (aidant familial, parentalité)
- « J’ai mis ma carrière entre parenthèses pour accompagner un proche en situation de dépendance. Cette expérience m’a profondément transformé et m’a apporté un autre regard sur la relation à l’utilité sociale de mon travail. »
- « J’ai été aidant pendant plusieurs mois, ce qui a évidemment ralenti ma trajectoire. J’en ressors avec une capacité de résilience et une maîtrise de l’imprévu bien supérieures à ce que j’avais avant. »
5. Vous avez tenté une création d’activité (même avortée)
- « J’ai lancé un projet entrepreneurial dans le domaine du conseil en 2022. J’ai appris énormément sur le développement d’activité, même si j’ai décidé de mettre fin au projet en 2023. Cela m’a recentré sur mon cœur de métier. »
- « J’ai expérimenté une activité indépendante en parallèle d’une réflexion sur mon avenir professionnel. Cette étape m’a permis de tester mes compétences autrement et de mieux cerner ce que je veux – et ne veux plus – aujourd’hui. »
6. Vous avez fait une vraie reconversion
- « J’ai quitté mon poste pour me former au coaching professionnel. J’ai mené cette transition en parallèle de missions de conseil ponctuelles, afin de rester ancré dans la réalité des entreprises. »
- « J’ai suivi une certification de médiation pendant 6 mois, avec un objectif clair : intégrer ces compétences à ma posture de manager et de RH. Je suis aujourd’hui prêt à les mobiliser pleinement dans un rôle de transformation. »
7. Vous avez juste galéré, sans projet clair
- « Honnêtement, cette période a été floue. J’ai tâtonné, et ce n’est que progressivement que j’ai retrouvé de la clarté sur mes envies et sur mon cap professionnel. J’assume ce temps de vide, il m’a été nécessaire. »
- « J’ai traversé une phase d’incertitude. Ce n’était pas confortable, mais cela m’a appris à mieux me connaître. Aujourd’hui, mon projet est beaucoup plus structuré. »
Les erreurs fréquentes qui plombent votre crédibilité
- Le flou embarrassé : « J’ai pris un peu de temps… »
- Le trop plein émotionnel : se livrer excessivement, critiquer, partir dans des explications complexes, sans intérêt et que tout recruteur connaît déjà
- L’invisibilisation : maquiller la période avec un faux projet
- Le ton défensif : chercher à se justifier au lieu d’expliquer
Ce que le recruteur attend, c’est un discours adulte, professionnel, posé. Pas une tentative de rattrapage.
Que dire (ou pas) sur le CV et sur LinkedIn ?
Sur le CV :
- Ne masquez pas une période blanche, mais ne l’exagérez pas non plus
- Valorisez toute activité réelle : formation, bénévolat, exploration de projet
Sur LinkedIn :
- Évitez les titres comme « en recherche active ».
- Préférez une phrase dans le résumé, du type :« Après une période de transition, je suis aujourd’hui à l’écoute d’opportunités alignées avec mon parcours et mes axes d’impact. »
En résumé : la cohérence fait toute la différence
Votre parcours n’a pas besoin d’être lisse. Il doit être cohérent.
Ce qui fait la différence, ce n’est pas ce que vous avez vécu, mais la manière dont vous en parlez.
Adoptez un discours construit, incarné et aligné : c’est cela qui inspire confiance.
Vous ne savez pas comment structurer votre récit professionnel ? Vous pensez que vous n’aurez jamais l’aplomb pour faire état de vos « trous de cv »? Vous ne savez pas comment aborder un burn-out, une pause ou un départ conflictuel ? Vous avez une expérience solide, mais votre message ne passe pas ? Votre posture en entretien ne reflète pas votre valeur ?
Je vous accompagne pour clarifier votre trajectoire, repositionner votre image et renforcer votre posture face aux recruteurs.
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